La directrice exécutive de la CDO, Patricia Hughes, souhaite que tous les diplômés en droit soient sensibilisés aux questions entourant la violence envers les femmes. « Cela fait partie des compétences d’un bon avocat », a-t-elle déclaré à un groupe d’environ 40 étudiants, professeurs et membres de la communauté lors de son passage le 29 octobre dernier au campus de Kingston de l’Université Queen’s pour présenter les nouveaux modules sur la violence envers les femmes dans le cadre du programme d’études en droit de l’Ontario.

« Notre objectif consiste à faire en sorte que tous les étudiants en droit, et pas seulement ceux qui se destinent à la pratique du droit familial, criminel ou de la responsabilité délictuelle, apprennent à faire face à ces enjeux et à travailler avec les clients qui ont subi de la violence ou l’ont perpétrée », a-t-elle indiqué.

Élaborés par la CDO grâce à une subvention de la Direction générale de la condition féminine de l’Ontario, ces modules serviront à guider les professeurs afin d’établir le contexte entourant la violence faite aux femmes dans le cadre de chaque cours de droit et d’explorer les principaux enjeux dans des cours clés tels que l’éthique et le professionnalisme, le droit de la famille et le droit pénal, le droit de l’immigration et même le droit immobilier. Les modules comportent des recommandations sur des questions pratiques telles l’identification des cas et des clients à risque, la façon d’établir un climat de confiance et la prise en compte des facteurs culturels pertinents. Ils peuvent être intégrés aux cours existants, être offerts dans le cadre de programmes intensifs ou sous forme de séminaires.

« Très peu d’avocats sont familiers avec la réalité et les implications juridiques de la violence familiale », de dire Kathleen Lahey, professeure en droit et codirectrice du programme Feminist Legal Studies Queen’s (FLSQ). « II est temps que les facultés de droit assume, du moins en partie, la responsabilité de préparer les futurs avocats pour qu’ils soient en mesure d’aborder ces questions, que ce soit dans le cadre d’affaires liées à la planification fiscale ou successorale ou de litiges dans les cas de divorce. »

Selon Statistique Canada, 20 % des victimes de crimes violents sont victimes de violence conjugale. Parmi celles ayant déclaré avoir subi de la violence conjugale, 85 % étaient des femmes.

« Il est vraiment stupéfiant de constater que ces questions ne faisaient pas partie du programme d’études en droit », indique pour sa part Michelle LaMarche, coordonnatrice des communications et de l’éducation pour Kingston Interval House, un organisme sans but lucratif qui soutient les femmes et les enfants ayant subi de la violence.

Décrivant l’approche actuelle des facultés de droit de l’Ontario en ce qui a trait à la violence envers les femmes comme étant « au mieux désordonnée », Mme Hughes espère que grâce aux modules, tous les avocats de la province apprendront à reconnaître les signaux d’alerte ainsi que les mesures à prendre par la suite.

Le milieu universitaire ne peut plus continuer à laisser aux professeurs le soin d’aborder le sujet de la violence envers les femmes convient Mme Lahey. La CDO offre « une solution très bien songée à un sérieux problème. Ce projet pourrait avoir un effet vraiment transformateur. »

Mme Hughes a entamé des discussions avec les représentants des facultés de droit membres du conseil consultatif de l’initiative et du Groupe de liaison et de recherche de la CDO sur les meilleures façons d’incorporer les modules au programme d’études dans chacune des facultés de droit de la province. La CDO enverra aussi les modules, disponibles en français et en anglais, dans les autres facultés de droit du Canada.

 

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